Fabriquer soi même son NPK
Thierry VANOFFEPartager cet article
Fabriquer son propre engrais NPK pour une tour hydroponique, c'est un peu comme devenir le chef cuisinier de ses plantes. C'est gratifiant et ça permet un contrôle total. Mais attention, ce n'est pas une recette de cuisine classique : la précision est la clé. On ne peut pas y aller au pifomètre comme on le ferait en pleine terre. On va se concentrer sur les options les plus populaires et les plus fiables pour les amateurs, en évitant les produits trop complexes à manipuler.
L'approche chimique : précision et efficacité
C'est la méthode la plus courante et la plus sûre pour obtenir un équilibre parfait et un contrôle précis. Elle repose sur l'utilisation de sels minéraux solubles dans l'eau. Pour fabriquer votre solution de base NPK, vous aurez besoin de quelques composants essentiels, qui sont souvent vendus en sachet ou en poudre.
- nitrate de potassium (KNO3) : C'est une excellente source d'azote (N) et de potassium (K). C'est le pilier de votre solution.
- phosphate monopotassique (KH2PO4) : Il apporte le phosphore (P) tant recherché pour la floraison et le développement des racines, ainsi qu'un peu de potassium (K).
- sulfate de magnésium (MgSO4), souvent appelé sel d'Epsom : Il fournit le magnésium (Mg), crucial pour la photosynthèse.
- nitrate de calcium (Ca(NO3)2) : Essentiel pour la structure des plantes, il est souvent mis à part pour éviter une réaction qui pourrait faire précipiter les nutriments.
La règle d'or : ne jamais mélanger le calcium et le sulfate !
Pour éviter la formation de gypse insoluble qui bouche les systèmes, on prépare toujours deux solutions mères séparées.
- Solution mère A : on y dissout le nitrate de calcium.
- Solution mère B : on y dissout le reste des ingrédients (nitrate de potassium, phosphate monopotassique, sulfate de magnésium, et les micronutriments comme le chélate de fer).
- Lorsque vous préparez votre solution finale pour la tour, vous ajoutez d'abord la solution A, vous mélangez bien, puis vous ajoutez la solution B.
Une recette simple pour démarrer
Voici une recette générique pour 1 litre de solution mère concentrée, que vous diluerez ensuite dans votre réservoir.
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Solution mère A (pour 1 litre d'eau distillée) :
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Nitrate de calcium : 100 g
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Solution mère B (pour 1 litre d'eau distillée) :
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Nitrate de potassium : 60 g
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Phosphate monopotassique : 30 g
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Sulfate de magnésium (sel d'Epsom) : 50 g
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Chélate de fer et autres oligo-éléments (selon les instructions du fabricant) : 5 à 10 g
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Conseils pratiques :
- Utilisez une balance de précision pour un dosage exact. C'est non négociable. ⚖️
- Gardez vos solutions mères dans des bouteilles opaques et à l'abri de la lumière pour éviter la dégradation des nutriments.
- Pour la solution finale dans votre réservoir, diluez environ 5 à 10 ml de chaque solution mère par litre d'eau. La dose exacte dépendra des besoins de vos plantes et de la phase de croissance.
L'approche organique : le thé de compost
Si vous êtes plutôt branché "nature", le thé de compost est une excellente alternative. Il est moins précis en termes de ratio NPK, mais il regorge de micro-organismes bénéfiques qui améliorent la santé des plantes. Ce n'est pas une solution à utiliser seule à long terme, mais plutôt comme un excellent complément aux solutions minérales.
- Mélangez du compost bien mûr (1 volume) avec de l'eau non chlorée (10 volumes).
- Laissez le mélange infuser pendant 24 à 48 heures en remuant régulièrement pour oxygéner la solution. Vous pouvez même utiliser une petite pompe à air pour aquarium.
- Filtrez le tout à travers un tissu fin ou une chaussette en nylon pour obtenir un liquide clair.
Ce "thé" est riche en nutriments, mais il faudra surveiller le pH et la conductivité électrique (EC) pour s'assurer que les plantes s'alimentent correctement.
Le suivi indispensable : pH et ec
Peu importe la méthode choisie, la réussite de votre culture hydroponique dépendra de votre capacité à mesurer et à ajuster deux paramètres cruciaux : le pH et l'EC.
- Le pH (potentiel hydrogène) : il doit être maintenu entre 5,5 et 6,5 pour que les nutriments soient assimilables par les racines. Si le pH est trop haut ou trop bas, les plantes ne pourront pas se nourrir, même si les nutriments sont présents.
- L'EC (conductivité électrique) : elle mesure la concentration totale en sels minéraux de votre solution. Trop basse, vos plantes ont faim. Trop haute, elles risquent de brûler.
Ces outils de mesure sont aussi importants que les engrais eux-mêmes. Investissez dans un bon pH-mètre et un EC-mètre. C'est l'assurance d'une tour en pleine santé ! 🌿
En résumé, fabriquer sa solution NPK est un projet passionnant qui demande un peu de rigueur. Commencez par de petites quantités, observez la réaction de vos plantes, et ajustez vos dosages. C'est en expérimentant que vous deviendrez un maître jardinier hydroponique.